La cinquième Biennale de la mosaïque de Gérard Brand a été inaugurée hier à l'espace Athic. Une exposition tout en mouvement, où l'artiste obernois, grand enfant de 70 ans, expose ses « jouets » faits de bric, de broc et de malice.
Visiter une exposition de Gérard Brand revient à parcourir les rayons d'un magasin de jouets. L'oeil pétillant, le visiteur papillonne d'une oeuvre à l'autre, attiré par l'espièglerie de ses animaux à roulettes ou par le regard enfantin des silhouettes de céramique. Ici, un drôle de zigoto tout vert vous tire la langue. À l'entrée, c'est un joueur de cymbales géant en fer patiné, granit et pâte de verre qui vous contemple avec étonnement, alors qu'à l'extérieur, un étrange mécanisme de câbles et de roue de vélo donne vie à un perroquet en mosaïque.
« C'est quand même bizarre qu'un type comme moi, à 70 ans, s'intéresse aux jouets », s'étonnait Gérard Brand lors de l'inauguration de sa cinquième Biennale de la mosaïque intitulée « Regard sur Parcours 2 », hier à Obernai.
« Est-ce qu'on prendle temps de regarderune roue de vélo ? »
L'artiste s'est découvert cette passion pour les jouets lorsqu'il vivait en Afrique : « Je me suis rendu compte que les jeux des enfants africains procuraient un grand plaisir. Moi, on ne m'a jamais appris à jouer quand j'étais jeune. En les reproduisant, je comble un vide. »
Comme ces joujoux artisanaux, les oeuvres du mosaïste obernois sont faites de bric et de broc.
Gérard Brand ne pratique pas l'art de la récup'par suivisme. Ce qui l'intéresse, c'est la débrouillardise, l'intelligence mise en oeuvre dans la réutilisation : « Maintenant, on ne jure plus que par les ordinateurs. Est-ce qu'on prend encore le temps de regarder une roue de vélo ? Je ne suis pas contre le progrès, mais il faut se rapprocher du savoir-faire des anciens. » En somme, retourner à l'humain et à l'artisanal : « Aujourd'hui on veut tout rectifier, tout planifier. Mais le tordu, c'est beau ! »
Gérard Brand conduit le visiteur incrédule devant « La Fête au village », génial mélange où la mosaïque côtoie de la ferraille cabossée, des bouts de tissus et des éléments de bicyclettes déglingués reliés par des chaînes et des courroies. Ici le vieux reprend vie, l'inutile devient indispensable. Le mosaïste s'approche de son oeuvre et lui donne vie, d'un coup de manivelle. La sculpture se transforme en carrousel sonore et bigarré. Le mouvement, c'est sans doute ce qui fait toute la singularité de son oeuvre. Gérard Brand en a bien conscience : « Un enfant ne comprend pas une mosaïque sur un mur. Par contre, lorsqu'elle est au coeur d'un assemblage ou d'un jouet qui bouge et fait du bruit, il est réceptif. »
Boris Marois 5e Biennale de la mosaïque « Regard sur Parcours 2 », salle 7 de la maison de la musique et de la danse, du 13 août au 4 septembre, tous les jours de 14 h à 18 h. ? 03 88 95 22 72 ou 06 11 87 47 90. Entrée libre. La présentation du livre d'Albert Strickler intitulé « Gérard Brand, Un vie en mosaïque » aura lieu le 2 septembre à 20 h à la médiathèque d'Obernai, en présence de l'artiste.
article paru dans les DNA le 13-10-2011
Un musée en projet
Lors de l'inauguration de la 5e Biennale de la mosaïque de l'artiste Gérard Brand, hier à Obernai, le maire Bernard Fischer a évoqué le projet d'un futur musée de la mosaïque : « Grâce à Gérard Brand, la ville Obernai va intégrer un projet pérenne de musée de la mosaïque. »
À terme, le but est de faire de la cité obernoise « un point d'ancrage très fort pour la mosaïque ». Une ambition partagée par Gérard Brand : « J'ai des idées pour faire un musée de dimension internationale avec la participation de mosaïstes mondialement connus. » Un projet qui permettrait aussi à Obernai de se doter de son premier musée. Un des rares équipements qui manque encore à la cité de sainte Odile.
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